Edito – dimanche 16 novembre 2025

lelien

La charité nous presse

Ce dimanche 16, journée mondiale des Pauvres avec le jubilé « des Pauvres » à Rome, il me plait, en cette année de la diaconie initiée dans notre paroisse, de vous entretenir sur la dimension missionnaire de la charité pour tout chrétien !

« Nous serons insurmontables si nous demeurons unis dans la charité »

Cette citation est inscrite sur la partie droite de la fresque de la chapelle du cimetiĂšre amĂ©ricain oĂč nous avons cĂ©lĂ©brĂ©, le 2 novembre dernier, la commĂ©moration de tous les fidĂšles dĂ©funts. Elle nous fait entrer un peu plus dans notre annĂ©e pastorale sur la diaconie, voulue par notre curĂ© ! Unis dans la charitĂ© avec nos frĂšres de « l’Eglise souffrante », nous voulons cĂ©lĂ©brer, de maniĂšre particuliĂšre, en ce dimanche 16 novembre, avec toute l’Eglise universelle, la journĂ©e mondiale des pauvres instituĂ©e par le Pape François en 2017.
Cette unitĂ© dans la charitĂ©, nous la vivrons en communion par la priĂšre avec onze personnes de notre paroisse qui participent au jubilĂ© des pauvres Ă  Rome. L’unitĂ© dans la charitĂ©, c’est la dĂ©marche que nous voulons vivre dans le cadre de notre annĂ©e pastorale sur la diaconie. Nous voulons goĂ»ter et redĂ©couvrir comment la charitĂ© façonne la vie de certains membres de l’Eglise qui se sentent en marge de l’Eglise de par leurs fragilitĂ©s, et pourtant partie intĂ©grante du « Corps de l’Eglise » de par leur baptĂȘme. VoilĂ  une annĂ©e pour mesurer combien notre vie chrĂ©tienne est d’aplomb lorsqu’elle met en Ɠuvre ces trois dimensions liĂ©es Ă  sa nature : « l’annonce de la Parole de Dieu (kerygma-martyria), la cĂ©lĂ©bration des Sacrements (leitourgia), le service de la charitĂ© (diakonia) » (Lett. enc. Deus caritas est, n. 25).

Honorer les pauvres, c’est honorer le Christ.

Prendre le parti de mettre les pauvres au cƓur de nos cĂ©lĂ©brations dominicales, en cette journĂ©e mondiale des pauvres, c’est contempler la dimension christologique d’un Dieu qui se fait pauvre, incompris, exclu, rejetĂ©, jusqu’à ĂȘtre humiliĂ© par sa mise Ă  mort sur le bois de la croix.
En prenant chair de la Vierge Marie, unie Ă  Joseph son Ă©poux qui vivait du travail de ses mains dans un village insignifiant de la GalilĂ©e, Dieu a fait le choix de s’inscrire dans notre humanitĂ© dans ce qu’elle a de plus simple et de plus dĂ©pouillĂ©. Ce fut pour Dieu, par son fils JĂ©sus, de revĂȘtir la fragilitĂ© de l’enfant nouveau-nĂ©, couchĂ© dans une mangeoire (Luc 2, 7), puis d’accepter la contrainte de l’exil en Egypte (Matthieu 2, 13). A l’ñge adulte, JĂ©sus a Ă©tĂ© d’une certaine maniĂšre un « traine-misĂšre » Ă  marcher sur les chemins de Palestine de village en village avec sa troupe de disciples misĂ©reux, incompris par les siens (Luc 4, 28-29), rejetĂ©, jusqu’à vivre la trahison de l’un (Jean 13, 27), le reniement d’un autre (Marc 14, 66-72) et la fuite de tous. Et pourtant, ce JĂ©sus mort crucifiĂ©, Dieu l’a exaltĂ© et l’a glorifiĂ© (Philippiens 2, 6-11), Il est notre EspĂ©rance.

Qui prend du temps avec les plus pauvres, dĂ©couvre, auprĂšs d’eux, combien ils sont habitĂ©s par cette espĂ©rance qu’avec JĂ©sus, nous sommes vainqueurs de ce qui nous abaisse et qu’Il est Celui qui nous relĂšve. « Le pauvre peut devenir tĂ©moin d’une espĂ©rance forte et fiable, justement parce qu’il la professe dans des conditions de vie prĂ©caires, faites de privations, de fragilitĂ© et d’exclusion. », (LĂ©on XIV, 9Ăšme JMP, 2). C’est en ce sens que dans sa rĂ©cente exhortation apostolique, le Pape LĂ©on XIV nous enseigne combien le pauvre peut ĂȘtre un phare qui nous oriente vers le Christ. Laissons le Pape mieux l’exprimer : « Le souci des pauvres fait partie de la grande Tradition de l’Église comme un phare lumineux qui, Ă  partir de l’Évangile, a Ă©clairĂ© les cƓurs et les pas des chrĂ©tiens de tous les temps. C’est pourquoi nous devons sentir l’urgence d’inviter chacun Ă  entrer dans ce fleuve de lumiĂšre et de vie qui jaillit de la reconnaissance du Christ dans le visage des nĂ©cessiteux et des souffrants. L’amour des pauvres est un Ă©lĂ©ment essentiel de l’histoire de Dieu avec nous et, du cƓur mĂȘme de l’Église, il jaillit comme un appel continu aux cƓurs des croyants, aussi bien des communautĂ©s que des fidĂšles individuels. En tant que Corps du Christ, l’Église ressent comme sa “chair” propre la vie des pauvres, lesquels sont une partie privilĂ©giĂ©e du peuple en marche. C’est pourquoi l’amour des pauvres – quelle que soit la forme sous laquelle se manifeste cette pauvretĂ© – est la garantie Ă©vangĂ©lique d’une Église fidĂšle au cƓur de Dieu. » (LĂ©on XIV EA Dilexi Te, 103).

Cette attention aux pauvres, inscrite au cƓur des Evangiles (Marc 10, 46-52 ; Jean 8, 2-11 ; Luc 17, 11-19 ; Jean 4, 5-42 ; Marc 7, 24-30 ; 
), est un leitmotiv qui court tout au long des siĂšcles et nombreuses sont les figures dans l’Eglise qui l’ont embrassĂ©e pour la vivre totalement, tel François d’Assise
 Et bien plus qu’une phrase musicale qui revient en boucle, cette attention aux plus pauvres est le cƓur mĂȘme du message Ă©vangĂ©lique que le Christ nous appelle Ă  mettre en Ɠuvre ici et maintenant. Avec son Ă©loquence, Jean Chrysostome, archevĂȘque de Constantinople, exhorte Ă  reconnaitre le Christ dans les nĂ©cessiteux « Veux-tu honorer le corps du Christ ? Ne le mĂ©prise pas lorsqu’il est nu et, pendant qu’ici tu l’honores par des Ă©toffes de soie, ne le mĂ©prise pas Ă  l’extĂ©rieur en le laissant souffrir le froid et la nuditĂ© [
]. En effet, [le corps de JĂ©sus-Christ qui est sur l’autel] n’a pas besoin de vĂȘtements, mais d’une Ăąme pure, au lieu que cet autre a besoin de beaucoup de soin. Apprenons donc Ă  ĂȘtre sages et Ă  honorer le Christ comme Il le veut lui-mĂȘme. L’honneur le plus agrĂ©able Ă  celui que nous voulons honorer, c’est l’honneur qu’il dĂ©sire lui-mĂȘme, non celui auquel nous pensons [
]. Honore-le donc aussi de la maniĂšre qu’Il a Ă©tablie, c’est-Ă -dire en donnant ses richesses Ă  des pauvres. Dieu n’a pas besoin d’objets en or, mais d’ñmes en or ».
Pour nous aujourd’hui, ne faut-il pas nous laisser retourner par le Christ prĂ©sent en chacun et tout particuliĂšrement en ceux qui nous sont plus Ă©loignĂ©s, les dĂ©tenus, les migrants, les sans-abris, les malades isolĂ©s, les personnes ĂągĂ©es
 ? « Car j’avais faim, et vous m’avez donnĂ© Ă  manger ; j’étais un Ă©tranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais malade, et vous m’avez visitĂ© ; j’étais en prison, et vous ĂȘtes venus jusqu’à moi ! » (Mat 25, 35-36)

Que ce dimanche, marquĂ© par le jubilĂ© des pauvres et oĂč nous sommes appelĂ©s Ă  ĂȘtre PĂšlerins d’espĂ©rance, soit l’occasion pour chacun de nous, de faire le pas de cĂŽtĂ© et de dĂ©couvrir le Christ en ces plus petits de nos frĂšres. « Les plus pauvres ne sont pas seulement objet de notre compassion, mais des maĂźtres d’Évangile. Il ne s’agit pas de “leur apporter” Dieu, mais de le rencontrer en eux » (LĂ©on XIV EA Dilexi Te, 79)

Diacre Nicolas Le JEUNE,
Hameau Saint François

Publié le 13 novembre 2025

Edito – dimanche 16 novembre 2025

La charité nous presse

Ce dimanche 16, journée mondiale des Pauvres avec le jubilé « des Pauvres » à Rome, il me plait, en cette année de la diaconie initiée dans notre paroisse, de vous entretenir sur la dimension missionnaire de la charité pour tout chrétien !

« Nous serons insurmontables si nous demeurons unis dans la charité »

Cette citation est inscrite sur la partie droite de la fresque de la chapelle du cimetiĂšre amĂ©ricain oĂč nous avons cĂ©lĂ©brĂ©, le 2 novembre dernier, la commĂ©moration de tous les fidĂšles dĂ©funts. Elle nous fait entrer un peu plus dans notre annĂ©e pastorale sur la diaconie, voulue par notre curĂ© ! Unis dans la charitĂ© avec nos frĂšres de « l’Eglise souffrante », nous voulons cĂ©lĂ©brer, de maniĂšre particuliĂšre, en ce dimanche 16 novembre, avec toute l’Eglise universelle, la journĂ©e mondiale des pauvres instituĂ©e par le Pape François en 2017.
Cette unitĂ© dans la charitĂ©, nous la vivrons en communion par la priĂšre avec onze personnes de notre paroisse qui participent au jubilĂ© des pauvres Ă  Rome. L’unitĂ© dans la charitĂ©, c’est la dĂ©marche que nous voulons vivre dans le cadre de notre annĂ©e pastorale sur la diaconie. Nous voulons goĂ»ter et redĂ©couvrir comment la charitĂ© façonne la vie de certains membres de l’Eglise qui se sentent en marge de l’Eglise de par leurs fragilitĂ©s, et pourtant partie intĂ©grante du « Corps de l’Eglise » de par leur baptĂȘme. VoilĂ  une annĂ©e pour mesurer combien notre vie chrĂ©tienne est d’aplomb lorsqu’elle met en Ɠuvre ces trois dimensions liĂ©es Ă  sa nature : « l’annonce de la Parole de Dieu (kerygma-martyria), la cĂ©lĂ©bration des Sacrements (leitourgia), le service de la charitĂ© (diakonia) » (Lett. enc. Deus caritas est, n. 25).

Honorer les pauvres, c’est honorer le Christ.

Prendre le parti de mettre les pauvres au cƓur de nos cĂ©lĂ©brations dominicales, en cette journĂ©e mondiale des pauvres, c’est contempler la dimension christologique d’un Dieu qui se fait pauvre, incompris, exclu, rejetĂ©, jusqu’à ĂȘtre humiliĂ© par sa mise Ă  mort sur le bois de la croix.
En prenant chair de la Vierge Marie, unie Ă  Joseph son Ă©poux qui vivait du travail de ses mains dans un village insignifiant de la GalilĂ©e, Dieu a fait le choix de s’inscrire dans notre humanitĂ© dans ce qu’elle a de plus simple et de plus dĂ©pouillĂ©. Ce fut pour Dieu, par son fils JĂ©sus, de revĂȘtir la fragilitĂ© de l’enfant nouveau-nĂ©, couchĂ© dans une mangeoire (Luc 2, 7), puis d’accepter la contrainte de l’exil en Egypte (Matthieu 2, 13). A l’ñge adulte, JĂ©sus a Ă©tĂ© d’une certaine maniĂšre un « traine-misĂšre » Ă  marcher sur les chemins de Palestine de village en village avec sa troupe de disciples misĂ©reux, incompris par les siens (Luc 4, 28-29), rejetĂ©, jusqu’à vivre la trahison de l’un (Jean 13, 27), le reniement d’un autre (Marc 14, 66-72) et la fuite de tous. Et pourtant, ce JĂ©sus mort crucifiĂ©, Dieu l’a exaltĂ© et l’a glorifiĂ© (Philippiens 2, 6-11), Il est notre EspĂ©rance.

Qui prend du temps avec les plus pauvres, dĂ©couvre, auprĂšs d’eux, combien ils sont habitĂ©s par cette espĂ©rance qu’avec JĂ©sus, nous sommes vainqueurs de ce qui nous abaisse et qu’Il est Celui qui nous relĂšve. « Le pauvre peut devenir tĂ©moin d’une espĂ©rance forte et fiable, justement parce qu’il la professe dans des conditions de vie prĂ©caires, faites de privations, de fragilitĂ© et d’exclusion. », (LĂ©on XIV, 9Ăšme JMP, 2). C’est en ce sens que dans sa rĂ©cente exhortation apostolique, le Pape LĂ©on XIV nous enseigne combien le pauvre peut ĂȘtre un phare qui nous oriente vers le Christ. Laissons le Pape mieux l’exprimer : « Le souci des pauvres fait partie de la grande Tradition de l’Église comme un phare lumineux qui, Ă  partir de l’Évangile, a Ă©clairĂ© les cƓurs et les pas des chrĂ©tiens de tous les temps. C’est pourquoi nous devons sentir l’urgence d’inviter chacun Ă  entrer dans ce fleuve de lumiĂšre et de vie qui jaillit de la reconnaissance du Christ dans le visage des nĂ©cessiteux et des souffrants. L’amour des pauvres est un Ă©lĂ©ment essentiel de l’histoire de Dieu avec nous et, du cƓur mĂȘme de l’Église, il jaillit comme un appel continu aux cƓurs des croyants, aussi bien des communautĂ©s que des fidĂšles individuels. En tant que Corps du Christ, l’Église ressent comme sa “chair” propre la vie des pauvres, lesquels sont une partie privilĂ©giĂ©e du peuple en marche. C’est pourquoi l’amour des pauvres – quelle que soit la forme sous laquelle se manifeste cette pauvretĂ© – est la garantie Ă©vangĂ©lique d’une Église fidĂšle au cƓur de Dieu. » (LĂ©on XIV EA Dilexi Te, 103).

Cette attention aux pauvres, inscrite au cƓur des Evangiles (Marc 10, 46-52 ; Jean 8, 2-11 ; Luc 17, 11-19 ; Jean 4, 5-42 ; Marc 7, 24-30 ; 
), est un leitmotiv qui court tout au long des siĂšcles et nombreuses sont les figures dans l’Eglise qui l’ont embrassĂ©e pour la vivre totalement, tel François d’Assise
 Et bien plus qu’une phrase musicale qui revient en boucle, cette attention aux plus pauvres est le cƓur mĂȘme du message Ă©vangĂ©lique que le Christ nous appelle Ă  mettre en Ɠuvre ici et maintenant. Avec son Ă©loquence, Jean Chrysostome, archevĂȘque de Constantinople, exhorte Ă  reconnaitre le Christ dans les nĂ©cessiteux « Veux-tu honorer le corps du Christ ? Ne le mĂ©prise pas lorsqu’il est nu et, pendant qu’ici tu l’honores par des Ă©toffes de soie, ne le mĂ©prise pas Ă  l’extĂ©rieur en le laissant souffrir le froid et la nuditĂ© [
]. En effet, [le corps de JĂ©sus-Christ qui est sur l’autel] n’a pas besoin de vĂȘtements, mais d’une Ăąme pure, au lieu que cet autre a besoin de beaucoup de soin. Apprenons donc Ă  ĂȘtre sages et Ă  honorer le Christ comme Il le veut lui-mĂȘme. L’honneur le plus agrĂ©able Ă  celui que nous voulons honorer, c’est l’honneur qu’il dĂ©sire lui-mĂȘme, non celui auquel nous pensons [
]. Honore-le donc aussi de la maniĂšre qu’Il a Ă©tablie, c’est-Ă -dire en donnant ses richesses Ă  des pauvres. Dieu n’a pas besoin d’objets en or, mais d’ñmes en or ».
Pour nous aujourd’hui, ne faut-il pas nous laisser retourner par le Christ prĂ©sent en chacun et tout particuliĂšrement en ceux qui nous sont plus Ă©loignĂ©s, les dĂ©tenus, les migrants, les sans-abris, les malades isolĂ©s, les personnes ĂągĂ©es
 ? « Car j’avais faim, et vous m’avez donnĂ© Ă  manger ; j’étais un Ă©tranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais malade, et vous m’avez visitĂ© ; j’étais en prison, et vous ĂȘtes venus jusqu’à moi ! » (Mat 25, 35-36)

Que ce dimanche, marquĂ© par le jubilĂ© des pauvres et oĂč nous sommes appelĂ©s Ă  ĂȘtre PĂšlerins d’espĂ©rance, soit l’occasion pour chacun de nous, de faire le pas de cĂŽtĂ© et de dĂ©couvrir le Christ en ces plus petits de nos frĂšres. « Les plus pauvres ne sont pas seulement objet de notre compassion, mais des maĂźtres d’Évangile. Il ne s’agit pas de “leur apporter” Dieu, mais de le rencontrer en eux » (LĂ©on XIV EA Dilexi Te, 79)

Diacre Nicolas Le JEUNE,
Hameau Saint François

Publié le 13 novembre 2025

Edito – dimanche 16 novembre 2025

lelien

La charité nous presse

Ce dimanche 16, journée mondiale des Pauvres avec le jubilé « des Pauvres » à Rome, il me plait, en cette année de la diaconie initiée dans notre paroisse, de vous entretenir sur la dimension missionnaire de la charité pour tout chrétien !

« Nous serons insurmontables si nous demeurons unis dans la charité »

Cette citation est inscrite sur la partie droite de la fresque de la chapelle du cimetiĂšre amĂ©ricain oĂč nous avons cĂ©lĂ©brĂ©, le 2 novembre dernier, la commĂ©moration de tous les fidĂšles dĂ©funts. Elle nous fait entrer un peu plus dans notre annĂ©e pastorale sur la diaconie, voulue par notre curĂ© ! Unis dans la charitĂ© avec nos frĂšres de « l’Eglise souffrante », nous voulons cĂ©lĂ©brer, de maniĂšre particuliĂšre, en ce dimanche 16 novembre, avec toute l’Eglise universelle, la journĂ©e mondiale des pauvres instituĂ©e par le Pape François en 2017.
Cette unitĂ© dans la charitĂ©, nous la vivrons en communion par la priĂšre avec onze personnes de notre paroisse qui participent au jubilĂ© des pauvres Ă  Rome. L’unitĂ© dans la charitĂ©, c’est la dĂ©marche que nous voulons vivre dans le cadre de notre annĂ©e pastorale sur la diaconie. Nous voulons goĂ»ter et redĂ©couvrir comment la charitĂ© façonne la vie de certains membres de l’Eglise qui se sentent en marge de l’Eglise de par leurs fragilitĂ©s, et pourtant partie intĂ©grante du « Corps de l’Eglise » de par leur baptĂȘme. VoilĂ  une annĂ©e pour mesurer combien notre vie chrĂ©tienne est d’aplomb lorsqu’elle met en Ɠuvre ces trois dimensions liĂ©es Ă  sa nature : « l’annonce de la Parole de Dieu (kerygma-martyria), la cĂ©lĂ©bration des Sacrements (leitourgia), le service de la charitĂ© (diakonia) » (Lett. enc. Deus caritas est, n. 25).

Honorer les pauvres, c’est honorer le Christ.

Prendre le parti de mettre les pauvres au cƓur de nos cĂ©lĂ©brations dominicales, en cette journĂ©e mondiale des pauvres, c’est contempler la dimension christologique d’un Dieu qui se fait pauvre, incompris, exclu, rejetĂ©, jusqu’à ĂȘtre humiliĂ© par sa mise Ă  mort sur le bois de la croix.
En prenant chair de la Vierge Marie, unie Ă  Joseph son Ă©poux qui vivait du travail de ses mains dans un village insignifiant de la GalilĂ©e, Dieu a fait le choix de s’inscrire dans notre humanitĂ© dans ce qu’elle a de plus simple et de plus dĂ©pouillĂ©. Ce fut pour Dieu, par son fils JĂ©sus, de revĂȘtir la fragilitĂ© de l’enfant nouveau-nĂ©, couchĂ© dans une mangeoire (Luc 2, 7), puis d’accepter la contrainte de l’exil en Egypte (Matthieu 2, 13). A l’ñge adulte, JĂ©sus a Ă©tĂ© d’une certaine maniĂšre un « traine-misĂšre » Ă  marcher sur les chemins de Palestine de village en village avec sa troupe de disciples misĂ©reux, incompris par les siens (Luc 4, 28-29), rejetĂ©, jusqu’à vivre la trahison de l’un (Jean 13, 27), le reniement d’un autre (Marc 14, 66-72) et la fuite de tous. Et pourtant, ce JĂ©sus mort crucifiĂ©, Dieu l’a exaltĂ© et l’a glorifiĂ© (Philippiens 2, 6-11), Il est notre EspĂ©rance.

Qui prend du temps avec les plus pauvres, dĂ©couvre, auprĂšs d’eux, combien ils sont habitĂ©s par cette espĂ©rance qu’avec JĂ©sus, nous sommes vainqueurs de ce qui nous abaisse et qu’Il est Celui qui nous relĂšve. « Le pauvre peut devenir tĂ©moin d’une espĂ©rance forte et fiable, justement parce qu’il la professe dans des conditions de vie prĂ©caires, faites de privations, de fragilitĂ© et d’exclusion. », (LĂ©on XIV, 9Ăšme JMP, 2). C’est en ce sens que dans sa rĂ©cente exhortation apostolique, le Pape LĂ©on XIV nous enseigne combien le pauvre peut ĂȘtre un phare qui nous oriente vers le Christ. Laissons le Pape mieux l’exprimer : « Le souci des pauvres fait partie de la grande Tradition de l’Église comme un phare lumineux qui, Ă  partir de l’Évangile, a Ă©clairĂ© les cƓurs et les pas des chrĂ©tiens de tous les temps. C’est pourquoi nous devons sentir l’urgence d’inviter chacun Ă  entrer dans ce fleuve de lumiĂšre et de vie qui jaillit de la reconnaissance du Christ dans le visage des nĂ©cessiteux et des souffrants. L’amour des pauvres est un Ă©lĂ©ment essentiel de l’histoire de Dieu avec nous et, du cƓur mĂȘme de l’Église, il jaillit comme un appel continu aux cƓurs des croyants, aussi bien des communautĂ©s que des fidĂšles individuels. En tant que Corps du Christ, l’Église ressent comme sa “chair” propre la vie des pauvres, lesquels sont une partie privilĂ©giĂ©e du peuple en marche. C’est pourquoi l’amour des pauvres – quelle que soit la forme sous laquelle se manifeste cette pauvretĂ© – est la garantie Ă©vangĂ©lique d’une Église fidĂšle au cƓur de Dieu. » (LĂ©on XIV EA Dilexi Te, 103).

Cette attention aux pauvres, inscrite au cƓur des Evangiles (Marc 10, 46-52 ; Jean 8, 2-11 ; Luc 17, 11-19 ; Jean 4, 5-42 ; Marc 7, 24-30 ; 
), est un leitmotiv qui court tout au long des siĂšcles et nombreuses sont les figures dans l’Eglise qui l’ont embrassĂ©e pour la vivre totalement, tel François d’Assise
 Et bien plus qu’une phrase musicale qui revient en boucle, cette attention aux plus pauvres est le cƓur mĂȘme du message Ă©vangĂ©lique que le Christ nous appelle Ă  mettre en Ɠuvre ici et maintenant. Avec son Ă©loquence, Jean Chrysostome, archevĂȘque de Constantinople, exhorte Ă  reconnaitre le Christ dans les nĂ©cessiteux « Veux-tu honorer le corps du Christ ? Ne le mĂ©prise pas lorsqu’il est nu et, pendant qu’ici tu l’honores par des Ă©toffes de soie, ne le mĂ©prise pas Ă  l’extĂ©rieur en le laissant souffrir le froid et la nuditĂ© [
]. En effet, [le corps de JĂ©sus-Christ qui est sur l’autel] n’a pas besoin de vĂȘtements, mais d’une Ăąme pure, au lieu que cet autre a besoin de beaucoup de soin. Apprenons donc Ă  ĂȘtre sages et Ă  honorer le Christ comme Il le veut lui-mĂȘme. L’honneur le plus agrĂ©able Ă  celui que nous voulons honorer, c’est l’honneur qu’il dĂ©sire lui-mĂȘme, non celui auquel nous pensons [
]. Honore-le donc aussi de la maniĂšre qu’Il a Ă©tablie, c’est-Ă -dire en donnant ses richesses Ă  des pauvres. Dieu n’a pas besoin d’objets en or, mais d’ñmes en or ».
Pour nous aujourd’hui, ne faut-il pas nous laisser retourner par le Christ prĂ©sent en chacun et tout particuliĂšrement en ceux qui nous sont plus Ă©loignĂ©s, les dĂ©tenus, les migrants, les sans-abris, les malades isolĂ©s, les personnes ĂągĂ©es
 ? « Car j’avais faim, et vous m’avez donnĂ© Ă  manger ; j’étais un Ă©tranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais malade, et vous m’avez visitĂ© ; j’étais en prison, et vous ĂȘtes venus jusqu’à moi ! » (Mat 25, 35-36)

Que ce dimanche, marquĂ© par le jubilĂ© des pauvres et oĂč nous sommes appelĂ©s Ă  ĂȘtre PĂšlerins d’espĂ©rance, soit l’occasion pour chacun de nous, de faire le pas de cĂŽtĂ© et de dĂ©couvrir le Christ en ces plus petits de nos frĂšres. « Les plus pauvres ne sont pas seulement objet de notre compassion, mais des maĂźtres d’Évangile. Il ne s’agit pas de “leur apporter” Dieu, mais de le rencontrer en eux » (LĂ©on XIV EA Dilexi Te, 79)

Diacre Nicolas Le JEUNE,
Hameau Saint François

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Publié le 13 novembre 2025