Edito du Curé – dimanche 19 octobre 2025

« Rends-moi justice contre mon adversaire ! »
Ainsi se résume la demande de cette femme. L’anonymat entoure l’objet de sa plainte tout comme sa condition sociale rend son cri inaudible face à un juge atypique. L’adversaire n’est pas non plus identifié. Le cri insistant de cette veuve, l’injustice comme objet de sa prière, l’indifférence criarde de ce juge dessinent une fresque qui se laisse déchiffrer. Jésus, dans cette parabole, nous invite à ne pas désespérer, à ne pas se décourager de l’intervention de Dieu à notre faveur quand nous crions vers Lui dans la prière ! Dans l’évangile de ce dimanche, la prière apparait comme l’arme redoutable de la veuve face à un juge inique. Elle insiste, importune, se lamente et crie jusqu’à faire fléchir ce juge sans justice et obtient satisfaction. Elle est l’âme de la vie chrétienne, son centre gravité et sa boussole dans sa relation avec Dieu. Notre Dieu est un « Dieu de justice », il comble de sa justice ceux que l’injustice humaine laisse au bord de la route, comme cette veuve !
L’injustice et déjà intolérable ! Elle l’est encore bien plus quand il s’agit d’une injustice qui est liée à une condition sociale. Cette femme a une identité : elle est veuve, une personne dont le cri ne soulève pas les foules et parfois s’étouffe dans le silence et l’indifférence. C’est à juste titre qu’on peut considérer sa demande comme une prière. Au fond, sa demande est un procès légitime contre ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent et ce qu’elle est. En observant la prière pugnace de cette veuve dont l’avenir semble bien bouché et insurmontable, on comprend que le véritable objet de sa plainte réside dans l’offrande de notre misère à Dieu.
St Luc pousse le contraste assez loin pour ressortir le procès de cette veuve en le transformant en une prière de demande. De son existence, il ne lui reste que ce cri qu’elle lance désespérément vers ce juge sans scrupule : Rends-moi justice contre mon adversaire !
La description de ce juge est d’autant plus inquiétante que son parallèle à l’image de Dieu provoque une onde de choc qui intrigue ! Dieu serait-il si inique ? Se fait-il si sourd par rapport à nos prières ?
En fait, en appliquant la parabole à une prière de demande, St Luc laisse planer, de manière sous-jacente, une omission importante qui change la nature du cri : de la plainte (procès) à la prière persévérante. En réalité, l’adversaire de cette veuve n’est nulle part mentionnée. Luc parle-t-il de l’Adversaire au sens biblique du terme ? Celui que St Jean appelle l’Accusateur de nos frères (Ap 12, 10), le diable, l’Adversaire juré des créatures de Dieu ? Luc amplifie volontiers les éléments descriptifs pour souligner le caractère pugnace de la prière de cette veuve. Cette dernière n’a aucune autre ressource que sa patience, son espérance et son impuissance ! La prière est son dernier recours, son option vitale et fondamentale. Sans cette prière, sa descente dans les bas-fonds de la société est programmée et presque actée. A ce niveau, la liturgie de ce dimanche fait coïncider le cri de la veuve avec celui du psalmiste : « Je lève les yeux vers la montagne : d’où le secours me viendra-t-il ? le secours me vient du Seigneur qui a fait le Ciel et la Terre » (Ps 120, 1-2) !
Quand la sensation d’une vie troublée et délaissée donne la force qui oriente le chrétien vers Dieu, le seul juge véritable, dans une prière humble et confiante, quand l’impuissance et la fragilité humaines deviennent prière et objet de notre prière adressée à Dieu, alors, dans une prière confiante et insistante, la force de l’impuissance est à l’œuvre.
A travers cette veuve en posture de combat comme Moïse (Ière Lect), c’est l’humanité qui est en procès contre un adversaire redoutable, un accusateur infatigable, le diviseur ! mais les derniers temps sont déjà là et l’ultime procès contre lui a eu un tournant décisif dans la personne de Jésus, notre libérateur. Seulement, devant notre tiédeur et notre inconstance dans la prière, Jésus s’indigne et s’interroge : « le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ». La prière ne saurait être une suite de mots bien choisis, ni une attitude dévote, elle est et reste un élan intérieur qu’on appelle la foi. Et Jésus s’en inquiète devant ses disciples qui devraient être les Maîtres de la vraie prière qui a pour support la foi et un engagement pérenne.
A ce sujet, Saint Grégoire a un conseil : « Dieu aime la prière qui est faite dans la foi et la confiance ». Distraite ou dissipée… ? Assèchement spirituel ou esprit qui divague … ? Impression de ne pas être écouté dans nos prières ou sensation de s’adresser à Dieu avec une âme encombrée ? …, la prière n’est jamais perdue, car même dans la tribulation portée avec patience devant Dieu, prie et intercède. Cette tribulation, poursuit Saint Grégoire, resplendit devant le Seigneur et porte à Dieu plus que les autres, et, pour ainsi dire, le force à nous favoriser !
La prière de cette veuve porte la marque de l’insistance. La nôtre, comme chrétien, est parfois hachée et discontinue…, séquentielle et inconstante… Si la veuve importune insiste auprès du juge inique au point de le faire fléchir et d’obtenir enfin satisfaction, combien plus notre prière d’intercession trouvera-t-elle dans le cœur de notre Père un accueil juste et favorable. Notre attitude dans la prière est celle de l’attente confiante et de la veille persévérante !
A l’école de Marie, Notre Dame du Rosaire, en ce mois d’octobre, demandons la grâce d’une prière fervente et confiante.
« Dieu éternel et tout puissant, fais-nous toujours agir pour toi d’une volonté ardente et servir ta gloire d’un cœur sans partage »
Père Dieudonné MASSOMA, Curé
Publié le 16 octobre 2025
Edito du Curé – dimanche 19 octobre 2025
« Rends-moi justice contre mon adversaire ! »
Ainsi se résume la demande de cette femme. L’anonymat entoure l’objet de sa plainte tout comme sa condition sociale rend son cri inaudible face à un juge atypique. L’adversaire n’est pas non plus identifié. Le cri insistant de cette veuve, l’injustice comme objet de sa prière, l’indifférence criarde de ce juge dessinent une fresque qui se laisse déchiffrer. Jésus, dans cette parabole, nous invite à ne pas désespérer, à ne pas se décourager de l’intervention de Dieu à notre faveur quand nous crions vers Lui dans la prière ! Dans l’évangile de ce dimanche, la prière apparait comme l’arme redoutable de la veuve face à un juge inique. Elle insiste, importune, se lamente et crie jusqu’à faire fléchir ce juge sans justice et obtient satisfaction. Elle est l’âme de la vie chrétienne, son centre gravité et sa boussole dans sa relation avec Dieu. Notre Dieu est un « Dieu de justice », il comble de sa justice ceux que l’injustice humaine laisse au bord de la route, comme cette veuve !
L’injustice et déjà intolérable ! Elle l’est encore bien plus quand il s’agit d’une injustice qui est liée à une condition sociale. Cette femme a une identité : elle est veuve, une personne dont le cri ne soulève pas les foules et parfois s’étouffe dans le silence et l’indifférence. C’est à juste titre qu’on peut considérer sa demande comme une prière. Au fond, sa demande est un procès légitime contre ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent et ce qu’elle est. En observant la prière pugnace de cette veuve dont l’avenir semble bien bouché et insurmontable, on comprend que le véritable objet de sa plainte réside dans l’offrande de notre misère à Dieu.
St Luc pousse le contraste assez loin pour ressortir le procès de cette veuve en le transformant en une prière de demande. De son existence, il ne lui reste que ce cri qu’elle lance désespérément vers ce juge sans scrupule : Rends-moi justice contre mon adversaire !
La description de ce juge est d’autant plus inquiétante que son parallèle à l’image de Dieu provoque une onde de choc qui intrigue ! Dieu serait-il si inique ? Se fait-il si sourd par rapport à nos prières ?
En fait, en appliquant la parabole à une prière de demande, St Luc laisse planer, de manière sous-jacente, une omission importante qui change la nature du cri : de la plainte (procès) à la prière persévérante. En réalité, l’adversaire de cette veuve n’est nulle part mentionnée. Luc parle-t-il de l’Adversaire au sens biblique du terme ? Celui que St Jean appelle l’Accusateur de nos frères (Ap 12, 10), le diable, l’Adversaire juré des créatures de Dieu ? Luc amplifie volontiers les éléments descriptifs pour souligner le caractère pugnace de la prière de cette veuve. Cette dernière n’a aucune autre ressource que sa patience, son espérance et son impuissance ! La prière est son dernier recours, son option vitale et fondamentale. Sans cette prière, sa descente dans les bas-fonds de la société est programmée et presque actée. A ce niveau, la liturgie de ce dimanche fait coïncider le cri de la veuve avec celui du psalmiste : « Je lève les yeux vers la montagne : d’où le secours me viendra-t-il ? le secours me vient du Seigneur qui a fait le Ciel et la Terre » (Ps 120, 1-2) !
Quand la sensation d’une vie troublée et délaissée donne la force qui oriente le chrétien vers Dieu, le seul juge véritable, dans une prière humble et confiante, quand l’impuissance et la fragilité humaines deviennent prière et objet de notre prière adressée à Dieu, alors, dans une prière confiante et insistante, la force de l’impuissance est à l’œuvre.
A travers cette veuve en posture de combat comme Moïse (Ière Lect), c’est l’humanité qui est en procès contre un adversaire redoutable, un accusateur infatigable, le diviseur ! mais les derniers temps sont déjà là et l’ultime procès contre lui a eu un tournant décisif dans la personne de Jésus, notre libérateur. Seulement, devant notre tiédeur et notre inconstance dans la prière, Jésus s’indigne et s’interroge : « le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ». La prière ne saurait être une suite de mots bien choisis, ni une attitude dévote, elle est et reste un élan intérieur qu’on appelle la foi. Et Jésus s’en inquiète devant ses disciples qui devraient être les Maîtres de la vraie prière qui a pour support la foi et un engagement pérenne.
A ce sujet, Saint Grégoire a un conseil : « Dieu aime la prière qui est faite dans la foi et la confiance ». Distraite ou dissipée… ? Assèchement spirituel ou esprit qui divague … ? Impression de ne pas être écouté dans nos prières ou sensation de s’adresser à Dieu avec une âme encombrée ? …, la prière n’est jamais perdue, car même dans la tribulation portée avec patience devant Dieu, prie et intercède. Cette tribulation, poursuit Saint Grégoire, resplendit devant le Seigneur et porte à Dieu plus que les autres, et, pour ainsi dire, le force à nous favoriser !
La prière de cette veuve porte la marque de l’insistance. La nôtre, comme chrétien, est parfois hachée et discontinue…, séquentielle et inconstante… Si la veuve importune insiste auprès du juge inique au point de le faire fléchir et d’obtenir enfin satisfaction, combien plus notre prière d’intercession trouvera-t-elle dans le cœur de notre Père un accueil juste et favorable. Notre attitude dans la prière est celle de l’attente confiante et de la veille persévérante !
A l’école de Marie, Notre Dame du Rosaire, en ce mois d’octobre, demandons la grâce d’une prière fervente et confiante.
« Dieu éternel et tout puissant, fais-nous toujours agir pour toi d’une volonté ardente et servir ta gloire d’un cœur sans partage »
Père Dieudonné MASSOMA, Curé
Publié le 16 octobre 2025
Edito du Curé – dimanche 19 octobre 2025

« Rends-moi justice contre mon adversaire ! »
Ainsi se résume la demande de cette femme. L’anonymat entoure l’objet de sa plainte tout comme sa condition sociale rend son cri inaudible face à un juge atypique. L’adversaire n’est pas non plus identifié. Le cri insistant de cette veuve, l’injustice comme objet de sa prière, l’indifférence criarde de ce juge dessinent une fresque qui se laisse déchiffrer. Jésus, dans cette parabole, nous invite à ne pas désespérer, à ne pas se décourager de l’intervention de Dieu à notre faveur quand nous crions vers Lui dans la prière ! Dans l’évangile de ce dimanche, la prière apparait comme l’arme redoutable de la veuve face à un juge inique. Elle insiste, importune, se lamente et crie jusqu’à faire fléchir ce juge sans justice et obtient satisfaction. Elle est l’âme de la vie chrétienne, son centre gravité et sa boussole dans sa relation avec Dieu. Notre Dieu est un « Dieu de justice », il comble de sa justice ceux que l’injustice humaine laisse au bord de la route, comme cette veuve !
L’injustice et déjà intolérable ! Elle l’est encore bien plus quand il s’agit d’une injustice qui est liée à une condition sociale. Cette femme a une identité : elle est veuve, une personne dont le cri ne soulève pas les foules et parfois s’étouffe dans le silence et l’indifférence. C’est à juste titre qu’on peut considérer sa demande comme une prière. Au fond, sa demande est un procès légitime contre ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent et ce qu’elle est. En observant la prière pugnace de cette veuve dont l’avenir semble bien bouché et insurmontable, on comprend que le véritable objet de sa plainte réside dans l’offrande de notre misère à Dieu.
St Luc pousse le contraste assez loin pour ressortir le procès de cette veuve en le transformant en une prière de demande. De son existence, il ne lui reste que ce cri qu’elle lance désespérément vers ce juge sans scrupule : Rends-moi justice contre mon adversaire !
La description de ce juge est d’autant plus inquiétante que son parallèle à l’image de Dieu provoque une onde de choc qui intrigue ! Dieu serait-il si inique ? Se fait-il si sourd par rapport à nos prières ?
En fait, en appliquant la parabole à une prière de demande, St Luc laisse planer, de manière sous-jacente, une omission importante qui change la nature du cri : de la plainte (procès) à la prière persévérante. En réalité, l’adversaire de cette veuve n’est nulle part mentionnée. Luc parle-t-il de l’Adversaire au sens biblique du terme ? Celui que St Jean appelle l’Accusateur de nos frères (Ap 12, 10), le diable, l’Adversaire juré des créatures de Dieu ? Luc amplifie volontiers les éléments descriptifs pour souligner le caractère pugnace de la prière de cette veuve. Cette dernière n’a aucune autre ressource que sa patience, son espérance et son impuissance ! La prière est son dernier recours, son option vitale et fondamentale. Sans cette prière, sa descente dans les bas-fonds de la société est programmée et presque actée. A ce niveau, la liturgie de ce dimanche fait coïncider le cri de la veuve avec celui du psalmiste : « Je lève les yeux vers la montagne : d’où le secours me viendra-t-il ? le secours me vient du Seigneur qui a fait le Ciel et la Terre » (Ps 120, 1-2) !
Quand la sensation d’une vie troublée et délaissée donne la force qui oriente le chrétien vers Dieu, le seul juge véritable, dans une prière humble et confiante, quand l’impuissance et la fragilité humaines deviennent prière et objet de notre prière adressée à Dieu, alors, dans une prière confiante et insistante, la force de l’impuissance est à l’œuvre.
A travers cette veuve en posture de combat comme Moïse (Ière Lect), c’est l’humanité qui est en procès contre un adversaire redoutable, un accusateur infatigable, le diviseur ! mais les derniers temps sont déjà là et l’ultime procès contre lui a eu un tournant décisif dans la personne de Jésus, notre libérateur. Seulement, devant notre tiédeur et notre inconstance dans la prière, Jésus s’indigne et s’interroge : « le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ». La prière ne saurait être une suite de mots bien choisis, ni une attitude dévote, elle est et reste un élan intérieur qu’on appelle la foi. Et Jésus s’en inquiète devant ses disciples qui devraient être les Maîtres de la vraie prière qui a pour support la foi et un engagement pérenne.
A ce sujet, Saint Grégoire a un conseil : « Dieu aime la prière qui est faite dans la foi et la confiance ». Distraite ou dissipée… ? Assèchement spirituel ou esprit qui divague … ? Impression de ne pas être écouté dans nos prières ou sensation de s’adresser à Dieu avec une âme encombrée ? …, la prière n’est jamais perdue, car même dans la tribulation portée avec patience devant Dieu, prie et intercède. Cette tribulation, poursuit Saint Grégoire, resplendit devant le Seigneur et porte à Dieu plus que les autres, et, pour ainsi dire, le force à nous favoriser !
La prière de cette veuve porte la marque de l’insistance. La nôtre, comme chrétien, est parfois hachée et discontinue…, séquentielle et inconstante… Si la veuve importune insiste auprès du juge inique au point de le faire fléchir et d’obtenir enfin satisfaction, combien plus notre prière d’intercession trouvera-t-elle dans le cœur de notre Père un accueil juste et favorable. Notre attitude dans la prière est celle de l’attente confiante et de la veille persévérante !
A l’école de Marie, Notre Dame du Rosaire, en ce mois d’octobre, demandons la grâce d’une prière fervente et confiante.
« Dieu éternel et tout puissant, fais-nous toujours agir pour toi d’une volonté ardente et servir ta gloire d’un cœur sans partage »
Père Dieudonné MASSOMA, Curé
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Publié le 16 octobre 2025