Edito du Curé – dimanche 9 mars 2025

« Revenez à moi de tout votre cœur »
Cet appel du prophète de Joël est renforcé, approfondi et prolongé par cette autre invitation de l’apôtre Paul : « laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Reconstruire la relation de l’homme avec Dieu reste donc le but ultime de la démarche de Jésus qui entre au désert pour réaffirmer, en réfutant les séductions de Satan, sa filiation divine. C’est un temps pédagogique où se creuse l’éternel « désir de trouver Dieu » (collecte de la 1ère semaine de carême), un temps de la « quarantaine », de la mise à l’écart pour mieux répondre à la sollicitude paternelle de Dieu. Au-delà des actions à faire et des œuvres à accomplir, comme nous l’enseigne l’Eglise, le Carême est ce temps favorable pendant lequel tout chrétien est invité à repeaufiner, à réinitialiser son être de fils de Dieu et à en prendre soin sous le regard de Jésus, véritable Fils de Dieu ! La vie chrétienne est loin d’être un canon inflexible, ni une trajectoire rectiligne. Elle est une association de chute et de relèvement, de lumière et d’ombre, de mort et de vie, de péché et de grâce… Le geste des cendres qui inaugure le Carême tient moins dans sa signification factuelle que dans son sens caché qu’accompagnent les paroles de leur imposition sur nos fronts : « convertissez-vous et croyez en l’évangile ».
La tradition juive que rapporte la conversion massive des ninivites, à la suite du Prophète Jonas, est une démarche de pénitence, de retour au Seigneur, de conversion communautaire (Jonas 3, 1-4) à laquelle l’Eglise, notre Mère, nous convie particulièrement en ce temps. L’annonce de Jonas fut bouleversante, fulgurante et la conversion du peuple, du plus grand au plus petit, du roi au simple citoyen, fut aussi un exemple de prise de conscience de leur appartenance commune au Seigneur. Leurs multiples manquements aux préceptes du Seigneur, image de la fragilité inhérente à la vie humaine, a conduit non seulement à la confession de leur péché mais aussi à ce geste symbolique, se couvrir de cendres. Si le péché marque notre éloignement de l’amour de Dieu, la négligence et l’abandon de notre état de fils de Dieu, la reconnaissance et la confession de notre fragilité, en ce temps de la quarantaine, nous recentre sur Dieu, sur son amour et sa fidélité de toujours : « Revenez au Seigneur de tout votre cœur »
A l’ouverture du temps de Carême, ces paroles constituent un rappel pressant et urgent à la conversion, à la réconciliation avec Dieu, surtout à l’affirmation et à la prise de conscience de notre dignité de fils de Dieu que Jésus nous apprend à défendre contre les assauts du démon. La conversion à la quelle nous sommes invités, en ce temps de carême, consiste essentiellement à l’intensification de notre relation personnelle avec Jésus, à être à son école de véritable Fils de Dieu dont nous ne sommes que des fils par rapport à Lui.
Jésus, dans son combat contre les avances séductrices du Diable, nous apprend à être fils de Dieu à son image et son école, à reconstruire notre relation filiale avec le Père, une relation empreinte de proximité et d’intimité profondes. Saint Augustin avait déjà expérimenté une telle relation lorsqu’il affirme dans les Confessions : « Tu étais plus intime que l’intime de moi-même ». Le Carême est une école d’intimité avec Dieu. Ce qui se vit dans l’intimité est secret, discret et n’est connu que ceux qui partagent la même intimité. Comment comprenons-nous l’insistance de Jésus dans l’évangile de ce dimanche : « quand tu fais l’aumône…, quand tu pries…, quand tu jeunes…, fais-le dans le secret ? » Cet appel à la discrétion absolue parait parfois contradictoire avec la liste de nos privations et de nos actions à comptabiliser pendant ce temps, comme si l’accomplissement rituel de ces actions, fut-elles bonnes, était but à atteindre, la finalité en soi ! Loin de minimiser nos démarches de carême, il faudrait plutôt les recentrer sur leur juste mesure, ce à quoi elles renvoient : la confession, haut et fort, de notre appartenance à Dieu, notre être de fils que le diviseur veut séduire et réduire à néant. C’est elle qui s’exprime par nos gestes de piété, de charité et de pénitence…
Le choix d’être fils Dieu est bien souligner dans la lutte de Jésus contre les assauts répétitifs de Satan. Le Christ fait le choix de Dieu, réaffirme sa filiation divine que le diable veut déshonorer par ses subterfuges. En réfutant les annonces séduisantes du diable, Jésus réaffirme sa véritable identité, son intimité avec le Père… Jésus n’est pas Fils de Dieu par la volonté de Satan, il est Fils parce qu’il refuse de s’agenouiller devant le diviseur, et d’idolâtrer ce qu’il est, ce qu’il est naturellement capable de faire… Le chrétien n’est pas fils de Dieu par mandat ou par la volonté du diable…, Mais par le Fils qui nous apprend comment être fils, le demeurer et surtout le professer. Être fils de Dieu n’est pas un titre superficiel, ni un agrégat momentané : c’est notre identité à préserver, à consolider, à reconstruire à l’exemple du Christ. L’appel à la discrétion pendant ce temps n’est pas une dissimulation, ni au relativisme de ces actions, il renvoie à une pudeur qui nous soustrait de l’apparence, au regard des autres qui stimule l’estime de soi pour mieux se recentrer sur le Christ, parfait chemin du carême.
Père Dieudonné MASSOMA, curé
Publié le 06 mars 2025
Edito du Curé – dimanche 9 mars 2025
« Revenez à moi de tout votre cœur »
Cet appel du prophète de Joël est renforcé, approfondi et prolongé par cette autre invitation de l’apôtre Paul : « laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Reconstruire la relation de l’homme avec Dieu reste donc le but ultime de la démarche de Jésus qui entre au désert pour réaffirmer, en réfutant les séductions de Satan, sa filiation divine. C’est un temps pédagogique où se creuse l’éternel « désir de trouver Dieu » (collecte de la 1ère semaine de carême), un temps de la « quarantaine », de la mise à l’écart pour mieux répondre à la sollicitude paternelle de Dieu. Au-delà des actions à faire et des œuvres à accomplir, comme nous l’enseigne l’Eglise, le Carême est ce temps favorable pendant lequel tout chrétien est invité à repeaufiner, à réinitialiser son être de fils de Dieu et à en prendre soin sous le regard de Jésus, véritable Fils de Dieu ! La vie chrétienne est loin d’être un canon inflexible, ni une trajectoire rectiligne. Elle est une association de chute et de relèvement, de lumière et d’ombre, de mort et de vie, de péché et de grâce… Le geste des cendres qui inaugure le Carême tient moins dans sa signification factuelle que dans son sens caché qu’accompagnent les paroles de leur imposition sur nos fronts : « convertissez-vous et croyez en l’évangile ».
La tradition juive que rapporte la conversion massive des ninivites, à la suite du Prophète Jonas, est une démarche de pénitence, de retour au Seigneur, de conversion communautaire (Jonas 3, 1-4) à laquelle l’Eglise, notre Mère, nous convie particulièrement en ce temps. L’annonce de Jonas fut bouleversante, fulgurante et la conversion du peuple, du plus grand au plus petit, du roi au simple citoyen, fut aussi un exemple de prise de conscience de leur appartenance commune au Seigneur. Leurs multiples manquements aux préceptes du Seigneur, image de la fragilité inhérente à la vie humaine, a conduit non seulement à la confession de leur péché mais aussi à ce geste symbolique, se couvrir de cendres. Si le péché marque notre éloignement de l’amour de Dieu, la négligence et l’abandon de notre état de fils de Dieu, la reconnaissance et la confession de notre fragilité, en ce temps de la quarantaine, nous recentre sur Dieu, sur son amour et sa fidélité de toujours : « Revenez au Seigneur de tout votre cœur »
A l’ouverture du temps de Carême, ces paroles constituent un rappel pressant et urgent à la conversion, à la réconciliation avec Dieu, surtout à l’affirmation et à la prise de conscience de notre dignité de fils de Dieu que Jésus nous apprend à défendre contre les assauts du démon. La conversion à la quelle nous sommes invités, en ce temps de carême, consiste essentiellement à l’intensification de notre relation personnelle avec Jésus, à être à son école de véritable Fils de Dieu dont nous ne sommes que des fils par rapport à Lui.
Jésus, dans son combat contre les avances séductrices du Diable, nous apprend à être fils de Dieu à son image et son école, à reconstruire notre relation filiale avec le Père, une relation empreinte de proximité et d’intimité profondes. Saint Augustin avait déjà expérimenté une telle relation lorsqu’il affirme dans les Confessions : « Tu étais plus intime que l’intime de moi-même ». Le Carême est une école d’intimité avec Dieu. Ce qui se vit dans l’intimité est secret, discret et n’est connu que ceux qui partagent la même intimité. Comment comprenons-nous l’insistance de Jésus dans l’évangile de ce dimanche : « quand tu fais l’aumône…, quand tu pries…, quand tu jeunes…, fais-le dans le secret ? » Cet appel à la discrétion absolue parait parfois contradictoire avec la liste de nos privations et de nos actions à comptabiliser pendant ce temps, comme si l’accomplissement rituel de ces actions, fut-elles bonnes, était but à atteindre, la finalité en soi ! Loin de minimiser nos démarches de carême, il faudrait plutôt les recentrer sur leur juste mesure, ce à quoi elles renvoient : la confession, haut et fort, de notre appartenance à Dieu, notre être de fils que le diviseur veut séduire et réduire à néant. C’est elle qui s’exprime par nos gestes de piété, de charité et de pénitence…
Le choix d’être fils Dieu est bien souligner dans la lutte de Jésus contre les assauts répétitifs de Satan. Le Christ fait le choix de Dieu, réaffirme sa filiation divine que le diable veut déshonorer par ses subterfuges. En réfutant les annonces séduisantes du diable, Jésus réaffirme sa véritable identité, son intimité avec le Père… Jésus n’est pas Fils de Dieu par la volonté de Satan, il est Fils parce qu’il refuse de s’agenouiller devant le diviseur, et d’idolâtrer ce qu’il est, ce qu’il est naturellement capable de faire… Le chrétien n’est pas fils de Dieu par mandat ou par la volonté du diable…, Mais par le Fils qui nous apprend comment être fils, le demeurer et surtout le professer. Être fils de Dieu n’est pas un titre superficiel, ni un agrégat momentané : c’est notre identité à préserver, à consolider, à reconstruire à l’exemple du Christ. L’appel à la discrétion pendant ce temps n’est pas une dissimulation, ni au relativisme de ces actions, il renvoie à une pudeur qui nous soustrait de l’apparence, au regard des autres qui stimule l’estime de soi pour mieux se recentrer sur le Christ, parfait chemin du carême.
Père Dieudonné MASSOMA, curé
Publié le 06 mars 2025
Edito du Curé – dimanche 9 mars 2025

« Revenez à moi de tout votre cœur »
Cet appel du prophète de Joël est renforcé, approfondi et prolongé par cette autre invitation de l’apôtre Paul : « laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Reconstruire la relation de l’homme avec Dieu reste donc le but ultime de la démarche de Jésus qui entre au désert pour réaffirmer, en réfutant les séductions de Satan, sa filiation divine. C’est un temps pédagogique où se creuse l’éternel « désir de trouver Dieu » (collecte de la 1ère semaine de carême), un temps de la « quarantaine », de la mise à l’écart pour mieux répondre à la sollicitude paternelle de Dieu. Au-delà des actions à faire et des œuvres à accomplir, comme nous l’enseigne l’Eglise, le Carême est ce temps favorable pendant lequel tout chrétien est invité à repeaufiner, à réinitialiser son être de fils de Dieu et à en prendre soin sous le regard de Jésus, véritable Fils de Dieu ! La vie chrétienne est loin d’être un canon inflexible, ni une trajectoire rectiligne. Elle est une association de chute et de relèvement, de lumière et d’ombre, de mort et de vie, de péché et de grâce… Le geste des cendres qui inaugure le Carême tient moins dans sa signification factuelle que dans son sens caché qu’accompagnent les paroles de leur imposition sur nos fronts : « convertissez-vous et croyez en l’évangile ».
La tradition juive que rapporte la conversion massive des ninivites, à la suite du Prophète Jonas, est une démarche de pénitence, de retour au Seigneur, de conversion communautaire (Jonas 3, 1-4) à laquelle l’Eglise, notre Mère, nous convie particulièrement en ce temps. L’annonce de Jonas fut bouleversante, fulgurante et la conversion du peuple, du plus grand au plus petit, du roi au simple citoyen, fut aussi un exemple de prise de conscience de leur appartenance commune au Seigneur. Leurs multiples manquements aux préceptes du Seigneur, image de la fragilité inhérente à la vie humaine, a conduit non seulement à la confession de leur péché mais aussi à ce geste symbolique, se couvrir de cendres. Si le péché marque notre éloignement de l’amour de Dieu, la négligence et l’abandon de notre état de fils de Dieu, la reconnaissance et la confession de notre fragilité, en ce temps de la quarantaine, nous recentre sur Dieu, sur son amour et sa fidélité de toujours : « Revenez au Seigneur de tout votre cœur »
A l’ouverture du temps de Carême, ces paroles constituent un rappel pressant et urgent à la conversion, à la réconciliation avec Dieu, surtout à l’affirmation et à la prise de conscience de notre dignité de fils de Dieu que Jésus nous apprend à défendre contre les assauts du démon. La conversion à la quelle nous sommes invités, en ce temps de carême, consiste essentiellement à l’intensification de notre relation personnelle avec Jésus, à être à son école de véritable Fils de Dieu dont nous ne sommes que des fils par rapport à Lui.
Jésus, dans son combat contre les avances séductrices du Diable, nous apprend à être fils de Dieu à son image et son école, à reconstruire notre relation filiale avec le Père, une relation empreinte de proximité et d’intimité profondes. Saint Augustin avait déjà expérimenté une telle relation lorsqu’il affirme dans les Confessions : « Tu étais plus intime que l’intime de moi-même ». Le Carême est une école d’intimité avec Dieu. Ce qui se vit dans l’intimité est secret, discret et n’est connu que ceux qui partagent la même intimité. Comment comprenons-nous l’insistance de Jésus dans l’évangile de ce dimanche : « quand tu fais l’aumône…, quand tu pries…, quand tu jeunes…, fais-le dans le secret ? » Cet appel à la discrétion absolue parait parfois contradictoire avec la liste de nos privations et de nos actions à comptabiliser pendant ce temps, comme si l’accomplissement rituel de ces actions, fut-elles bonnes, était but à atteindre, la finalité en soi ! Loin de minimiser nos démarches de carême, il faudrait plutôt les recentrer sur leur juste mesure, ce à quoi elles renvoient : la confession, haut et fort, de notre appartenance à Dieu, notre être de fils que le diviseur veut séduire et réduire à néant. C’est elle qui s’exprime par nos gestes de piété, de charité et de pénitence…
Le choix d’être fils Dieu est bien souligner dans la lutte de Jésus contre les assauts répétitifs de Satan. Le Christ fait le choix de Dieu, réaffirme sa filiation divine que le diable veut déshonorer par ses subterfuges. En réfutant les annonces séduisantes du diable, Jésus réaffirme sa véritable identité, son intimité avec le Père… Jésus n’est pas Fils de Dieu par la volonté de Satan, il est Fils parce qu’il refuse de s’agenouiller devant le diviseur, et d’idolâtrer ce qu’il est, ce qu’il est naturellement capable de faire… Le chrétien n’est pas fils de Dieu par mandat ou par la volonté du diable…, Mais par le Fils qui nous apprend comment être fils, le demeurer et surtout le professer. Être fils de Dieu n’est pas un titre superficiel, ni un agrégat momentané : c’est notre identité à préserver, à consolider, à reconstruire à l’exemple du Christ. L’appel à la discrétion pendant ce temps n’est pas une dissimulation, ni au relativisme de ces actions, il renvoie à une pudeur qui nous soustrait de l’apparence, au regard des autres qui stimule l’estime de soi pour mieux se recentrer sur le Christ, parfait chemin du carême.
Père Dieudonné MASSOMA, curé
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Publié le 06 mars 2025