Edito du Curé – dimanche 10 novembre 2024

design sans titre (34)

« Elle a donné plus que tous… Elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre »

St Marc fixe notre attention sur le regard de Jésus sur cette procession rituelle qui monte vers la salle trésor, où étaient placées treize petites caisses dans lesquelles les fidèles déposaient leur offrande pour le culte du Temple et pour les pauvres. Son regard se pose particulièrement sur une pauvre veuve dandinante qui avance aussi vers le tronc pour déposer son offrande. Mais quelle offrande ? Certainement deux petites monnaies de cuivre, la plus petite valeur de la monnaie romaine. Elle n’avait que ça. Elle l’avait, peut-être, obtenue en faisant la manche, comme beaucoup d’indigents. Notons que, dans son récit évangélique, St Marc fait ressortir de l’image cette veuve le dernier épisode avant les événements de la Passion. Le don de cette veuve introduit le don suprême que Jésus fera de sa vie en mourant sur la Croix. Comme Jésus, elle donne le nécessaire, elle ne donne pas le superflu… Jésus ne regarde pas la quantité, mais la qualité. Donner du superflu sonne comme la sécurité de notre vie qui doit la préserver et la garantir… En donnant ces deux piécettes, la veuve ne se dépossède pas d’une chose extérieure à elle, c’est sa vie qu’elle met en jeu : « elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre ».

Son don, bien que modeste, atteste pourtant la vertu du courage de la veuve, son attitude d’héroïsme. Dans son regard, Jésus ne voudrait pas en faire « une héroïne », mais un exemple.

D’une manière générale, le héros pose des actes exceptionnels, hors normes qui font rêver… L’exemple est, certes, une leçon radicale, mais teintée de gestes ordinaires, simples et parfois accessibles à tous. Le héros est ostentatoire et l’exemple est sobre et discret… Jésus, dans cet évangile oppose l’ostentation de ceux qui donnent plus à la modestie du don et du geste de la veuve. Si le regard de Jésus parait admiratif pour cette veuve, c’est pour convier ses disciples, et nous aujourd’hui, à lui ressembler. Son exemple devient norme à suivre et non une bravoure à admirer. Parfois ce qui semble ordinaire n’est pas toujours ce qui est le plus facile à reproduire. Posons-nous encore quelques questions pour approfondir son acte :  quel est donc dans le geste de la veuve, l’élément précis que Jésus prend en exemple ? Quel est l’esprit de son don, sans lequel mon don aujourd’hui, si imposant soit-il, peut perdre de sa valeur ? et quel serait, vraisemblablement, l’état d’esprit qui, même en donnant très peu, confère de la valeur et du poids à ce que je donne ?

L’adage bien connu « c’est l’intention qui compte » pourrait justifier bien une sorte d’hypocrisie. Car si la bonne disposition ne se traduit pas en actes, elle devient fallacieuse (2 Cor 8.11 ; Jc 2.15,16). Ce qui importe alors, serait-ce de donner sans compter ? L’idée est géniale et bien féconde ! En effet, quand on aime, on ne compte pas ! Seul l’amour peut expliquer que la veuve donne « tout ce qu’elle possédait ». Le geste de cette veuve rejoint celui de la veuve de Sarepta (Ière Lect, Rois 17,10-16). On le voit bien, le don véritable dépasse nos simples bonnes dispositions, nos idées géniales qu’on aurait. Ainsi, même joyeux et volontaire, si le don véritable ne s’exprime pas par le sacrifice, il peut être très vite illusoire. Comme sacrifice, expression suprême de l’amour, le don n’est ni naïveté ni inconscience…Il est sacrifice ! Si Jésus a donné sa vie pour nous, c’est qu’il a accepté de la perdre. Cette perte, ce dépouillement, implique nécessairement une souffrance. « Tout donner » pour Jésus ne signifie pas que « sa vie ne compte pas », mais donner quel qu’en soit le coût et le prix à payer. Sur la Croix, le Christ ne donne pas le superflu, il nous donne tout de lui-même, sa propre vie !

La veuve bouleverse totalement cette logique rituelle du don dans le temple et interroge notre don aujourd’hui. Elle hisse l’offrande à son vrai niveau en projetant le don que le Christ fera de sa vie sur la Croix. Sa motivation est avant tout cultuel et donc non comptable. C’est donc un acte de foi en Dieu qui lui donne ce qu’elle lui offre en retour et pourvoit à son dénuement. C’est dans cette attitude de foi en la providence de Dieu que Jésus considère son offrande comme supérieure. Le curseur du don n’est plus à placer sur la quantité mais sur l’amour et la foi en la providence. Ainsi que l’on donne un peu ou beaucoup, on ne donne pas vraiment s’il nous manque l’amour et la confiance en Dieu : « Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture (…) si je n’ai pas l’amour cela ne me sert de rien. » (1 Cor 13.3).

En donnant de son nécessaire, la veuve s’est donnée elle-même. Et c’est bien cela, l’expression du véritable don, donner de sa propre subsistance (És 58.10). On ne peut donner vraiment, sans se donner soi-même et l’on ne se donne que par amour, dans l’amour, avec amour et pour l’amour…

Seigneur, ouvre nos cœurs à la dimension de ton amour pour nous, afin que rien, ni d’esprit ni de corps, n’entrave notre volonté à faire le BIEN !

 

Père DIEUDONNE MASSOMA, Curé

Publié le 16 septembre 2024

Edito du Curé – dimanche 10 novembre 2024

« Elle a donné plus que tous… Elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre »

St Marc fixe notre attention sur le regard de Jésus sur cette procession rituelle qui monte vers la salle trésor, où étaient placées treize petites caisses dans lesquelles les fidèles déposaient leur offrande pour le culte du Temple et pour les pauvres. Son regard se pose particulièrement sur une pauvre veuve dandinante qui avance aussi vers le tronc pour déposer son offrande. Mais quelle offrande ? Certainement deux petites monnaies de cuivre, la plus petite valeur de la monnaie romaine. Elle n’avait que ça. Elle l’avait, peut-être, obtenue en faisant la manche, comme beaucoup d’indigents. Notons que, dans son récit évangélique, St Marc fait ressortir de l’image cette veuve le dernier épisode avant les événements de la Passion. Le don de cette veuve introduit le don suprême que Jésus fera de sa vie en mourant sur la Croix. Comme Jésus, elle donne le nécessaire, elle ne donne pas le superflu… Jésus ne regarde pas la quantité, mais la qualité. Donner du superflu sonne comme la sécurité de notre vie qui doit la préserver et la garantir… En donnant ces deux piécettes, la veuve ne se dépossède pas d’une chose extérieure à elle, c’est sa vie qu’elle met en jeu : « elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre ».

Son don, bien que modeste, atteste pourtant la vertu du courage de la veuve, son attitude d’héroïsme. Dans son regard, Jésus ne voudrait pas en faire « une héroïne », mais un exemple.

D’une manière générale, le héros pose des actes exceptionnels, hors normes qui font rêver… L’exemple est, certes, une leçon radicale, mais teintée de gestes ordinaires, simples et parfois accessibles à tous. Le héros est ostentatoire et l’exemple est sobre et discret… Jésus, dans cet évangile oppose l’ostentation de ceux qui donnent plus à la modestie du don et du geste de la veuve. Si le regard de Jésus parait admiratif pour cette veuve, c’est pour convier ses disciples, et nous aujourd’hui, à lui ressembler. Son exemple devient norme à suivre et non une bravoure à admirer. Parfois ce qui semble ordinaire n’est pas toujours ce qui est le plus facile à reproduire. Posons-nous encore quelques questions pour approfondir son acte :  quel est donc dans le geste de la veuve, l’élément précis que Jésus prend en exemple ? Quel est l’esprit de son don, sans lequel mon don aujourd’hui, si imposant soit-il, peut perdre de sa valeur ? et quel serait, vraisemblablement, l’état d’esprit qui, même en donnant très peu, confère de la valeur et du poids à ce que je donne ?

L’adage bien connu « c’est l’intention qui compte » pourrait justifier bien une sorte d’hypocrisie. Car si la bonne disposition ne se traduit pas en actes, elle devient fallacieuse (2 Cor 8.11 ; Jc 2.15,16). Ce qui importe alors, serait-ce de donner sans compter ? L’idée est géniale et bien féconde ! En effet, quand on aime, on ne compte pas ! Seul l’amour peut expliquer que la veuve donne « tout ce qu’elle possédait ». Le geste de cette veuve rejoint celui de la veuve de Sarepta (Ière Lect, Rois 17,10-16). On le voit bien, le don véritable dépasse nos simples bonnes dispositions, nos idées géniales qu’on aurait. Ainsi, même joyeux et volontaire, si le don véritable ne s’exprime pas par le sacrifice, il peut être très vite illusoire. Comme sacrifice, expression suprême de l’amour, le don n’est ni naïveté ni inconscience…Il est sacrifice ! Si Jésus a donné sa vie pour nous, c’est qu’il a accepté de la perdre. Cette perte, ce dépouillement, implique nécessairement une souffrance. « Tout donner » pour Jésus ne signifie pas que « sa vie ne compte pas », mais donner quel qu’en soit le coût et le prix à payer. Sur la Croix, le Christ ne donne pas le superflu, il nous donne tout de lui-même, sa propre vie !

La veuve bouleverse totalement cette logique rituelle du don dans le temple et interroge notre don aujourd’hui. Elle hisse l’offrande à son vrai niveau en projetant le don que le Christ fera de sa vie sur la Croix. Sa motivation est avant tout cultuel et donc non comptable. C’est donc un acte de foi en Dieu qui lui donne ce qu’elle lui offre en retour et pourvoit à son dénuement. C’est dans cette attitude de foi en la providence de Dieu que Jésus considère son offrande comme supérieure. Le curseur du don n’est plus à placer sur la quantité mais sur l’amour et la foi en la providence. Ainsi que l’on donne un peu ou beaucoup, on ne donne pas vraiment s’il nous manque l’amour et la confiance en Dieu : « Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture (…) si je n’ai pas l’amour cela ne me sert de rien. » (1 Cor 13.3).

En donnant de son nécessaire, la veuve s’est donnée elle-même. Et c’est bien cela, l’expression du véritable don, donner de sa propre subsistance (És 58.10). On ne peut donner vraiment, sans se donner soi-même et l’on ne se donne que par amour, dans l’amour, avec amour et pour l’amour…

Seigneur, ouvre nos cœurs à la dimension de ton amour pour nous, afin que rien, ni d’esprit ni de corps, n’entrave notre volonté à faire le BIEN !

 

Père DIEUDONNE MASSOMA, Curé

Publié le 16 septembre 2024

Edito du Curé – dimanche 10 novembre 2024

design sans titre (34)

« Elle a donné plus que tous… Elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre »

St Marc fixe notre attention sur le regard de Jésus sur cette procession rituelle qui monte vers la salle trésor, où étaient placées treize petites caisses dans lesquelles les fidèles déposaient leur offrande pour le culte du Temple et pour les pauvres. Son regard se pose particulièrement sur une pauvre veuve dandinante qui avance aussi vers le tronc pour déposer son offrande. Mais quelle offrande ? Certainement deux petites monnaies de cuivre, la plus petite valeur de la monnaie romaine. Elle n’avait que ça. Elle l’avait, peut-être, obtenue en faisant la manche, comme beaucoup d’indigents. Notons que, dans son récit évangélique, St Marc fait ressortir de l’image cette veuve le dernier épisode avant les événements de la Passion. Le don de cette veuve introduit le don suprême que Jésus fera de sa vie en mourant sur la Croix. Comme Jésus, elle donne le nécessaire, elle ne donne pas le superflu… Jésus ne regarde pas la quantité, mais la qualité. Donner du superflu sonne comme la sécurité de notre vie qui doit la préserver et la garantir… En donnant ces deux piécettes, la veuve ne se dépossède pas d’une chose extérieure à elle, c’est sa vie qu’elle met en jeu : « elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre ».

Son don, bien que modeste, atteste pourtant la vertu du courage de la veuve, son attitude d’héroïsme. Dans son regard, Jésus ne voudrait pas en faire « une héroïne », mais un exemple.

D’une manière générale, le héros pose des actes exceptionnels, hors normes qui font rêver… L’exemple est, certes, une leçon radicale, mais teintée de gestes ordinaires, simples et parfois accessibles à tous. Le héros est ostentatoire et l’exemple est sobre et discret… Jésus, dans cet évangile oppose l’ostentation de ceux qui donnent plus à la modestie du don et du geste de la veuve. Si le regard de Jésus parait admiratif pour cette veuve, c’est pour convier ses disciples, et nous aujourd’hui, à lui ressembler. Son exemple devient norme à suivre et non une bravoure à admirer. Parfois ce qui semble ordinaire n’est pas toujours ce qui est le plus facile à reproduire. Posons-nous encore quelques questions pour approfondir son acte :  quel est donc dans le geste de la veuve, l’élément précis que Jésus prend en exemple ? Quel est l’esprit de son don, sans lequel mon don aujourd’hui, si imposant soit-il, peut perdre de sa valeur ? et quel serait, vraisemblablement, l’état d’esprit qui, même en donnant très peu, confère de la valeur et du poids à ce que je donne ?

L’adage bien connu « c’est l’intention qui compte » pourrait justifier bien une sorte d’hypocrisie. Car si la bonne disposition ne se traduit pas en actes, elle devient fallacieuse (2 Cor 8.11 ; Jc 2.15,16). Ce qui importe alors, serait-ce de donner sans compter ? L’idée est géniale et bien féconde ! En effet, quand on aime, on ne compte pas ! Seul l’amour peut expliquer que la veuve donne « tout ce qu’elle possédait ». Le geste de cette veuve rejoint celui de la veuve de Sarepta (Ière Lect, Rois 17,10-16). On le voit bien, le don véritable dépasse nos simples bonnes dispositions, nos idées géniales qu’on aurait. Ainsi, même joyeux et volontaire, si le don véritable ne s’exprime pas par le sacrifice, il peut être très vite illusoire. Comme sacrifice, expression suprême de l’amour, le don n’est ni naïveté ni inconscience…Il est sacrifice ! Si Jésus a donné sa vie pour nous, c’est qu’il a accepté de la perdre. Cette perte, ce dépouillement, implique nécessairement une souffrance. « Tout donner » pour Jésus ne signifie pas que « sa vie ne compte pas », mais donner quel qu’en soit le coût et le prix à payer. Sur la Croix, le Christ ne donne pas le superflu, il nous donne tout de lui-même, sa propre vie !

La veuve bouleverse totalement cette logique rituelle du don dans le temple et interroge notre don aujourd’hui. Elle hisse l’offrande à son vrai niveau en projetant le don que le Christ fera de sa vie sur la Croix. Sa motivation est avant tout cultuel et donc non comptable. C’est donc un acte de foi en Dieu qui lui donne ce qu’elle lui offre en retour et pourvoit à son dénuement. C’est dans cette attitude de foi en la providence de Dieu que Jésus considère son offrande comme supérieure. Le curseur du don n’est plus à placer sur la quantité mais sur l’amour et la foi en la providence. Ainsi que l’on donne un peu ou beaucoup, on ne donne pas vraiment s’il nous manque l’amour et la confiance en Dieu : « Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture (…) si je n’ai pas l’amour cela ne me sert de rien. » (1 Cor 13.3).

En donnant de son nécessaire, la veuve s’est donnée elle-même. Et c’est bien cela, l’expression du véritable don, donner de sa propre subsistance (És 58.10). On ne peut donner vraiment, sans se donner soi-même et l’on ne se donne que par amour, dans l’amour, avec amour et pour l’amour…

Seigneur, ouvre nos cœurs à la dimension de ton amour pour nous, afin que rien, ni d’esprit ni de corps, n’entrave notre volonté à faire le BIEN !

 

Père DIEUDONNE MASSOMA, Curé

Dans ce dossier

Publié le 16 septembre 2024