Edito du Curé – 22 septembre 2024
Si tu veux être le premier…
Seul avec ses disciples sur cette route qui traverse la Galilée, Jésus aborde la question de son identité et celle de sa mission. D’ailleurs son identité, le Christ, Fils de Dieu, est intrinsèquement liée à sa mission : « le Fils de l’homme doit être livré aux mains des hommes, ceux-ci le tueront et trois jours, plus tard, Dieu le ressuscitera ». L’annonce suscite l’incompréhension, fruit d’une écoute approximative, elle-même forgée par l’attitude ambitieuse de ceux qui le suivent et portent le nom d’Apôtres, comme pour attester cette assertion : dis-moi dans quelle attitude tu écoutes, je te dirai comment tu comprends et apprécies ce que tu as écouté. La mémoire des Apôtres est tellement formatée par le rejet de l’épreuve et de la souffrance du Messie qu’ils en viennent à ignorer totalement la fin de la phrase de Jésus : « trois jours après sa mort, il ressuscitera ».
Le Messie qui doit mourir ? Voilà une déclaration fulgurante et pleine de sidération pour les disciples. Ce qui est une révélation de poids pour Jésus est pour ses disciples une aberration abjecte. L’annonce des souffrances du Messie et de sa mort jette un froid glacial sur le camp des Apôtres. Personne n’ose lui poser la question. L’interroger ? N’est-ce pas une manière d’accepter que ces révélations de Jésus percent le mur du silence bien construit et que cette logique infâme soit envisageable ? Pour les Apôtres, il vaut donc mieux se taire, refouler cette idée insupportable, la détourner de la conversation et passer à autre chose. Si cette page de l’évangile était un film, le réalisateur nous aurait montré les images flagrantes de deux camps qui se créent et Jésus qui, petit à petit, est distancié par les siens préoccupés par autre chose. Ainsi Dieu se laisse-t-il abandonner à cause de nos attentes décalées de ce qu’il est, de nos préoccupations loin de ce qu’il attend de nous, de nos projections erronées sur Lui… Toutefois, la délicatesse de Dieu se montre toujours proche de l’homme même quand ce dernier s’oppose à Lui, même quand il ne comprend pas le projet de Dieu. Il nous laisse la liberté de passer et de penser à autre chose : Jésus respecte notre rythme de marche vers Lui, Il nous laisse libre de murmurer sans toutefois abandonner son enseignement.
Etre premier…, devenir grand…, Dieu ne s’oppose pas forcément à la planification légitime de notre bien-être, ni à notre bonheur qui ne se découvre que dans une projection. « Aspirer aux dons les meilleurs » (1Cr 12, 31) n’est pas en soi contraire à ce que Dieu attend de nous surtout si ces « dons les meilleurs » ont pour objet l’amour, la charité ! A La question, « qui est le plus grand ? » apparaît ce qui habite leur cœur, une soif de pouvoir dont ils n’avaient peut-être pas conscience. A nous de voir comment nos ambitions personnelles perturbent notre identité chrétienne et paralysent notre mission de baptisé. On le voit bien, à la suite du Christ, les Apôtres ne se préoccupent que de ce qu’ils doivent être, de leur place à préserver aux côtés de leur Maître, des privilèges qu’ils pourraient en tirer sans se soucier de ce qui les attend, de la manière avec laquelle ils vont recevoir ces privilèges : la gloire précédée par la souffrance, la victoire au bout de l’effort, la résurrection qui passe par la mort…
Ainsi se balise l’itinéraire de la vie du Christ et du Messie. Depuis leur appel au bord du Lac de Galilée, les apôtres s’abreuvent à la source d’une expérience exceptionnelle. Jésus se réserve la primeur de l’appel et les disciples la liberté de suivre son chemin avec les exigences qui s’imposent. Vint le moment d’enseigner à ses Apôtres les chemins incontournables à travers lesquels passera sa mission et le cadre dans lequel s’exercera leur ministère.
Dans son identité comme dans sa mission « le Fils de l’Homme est livré aux mains des hommes ». le Christ est un homme livré, un homme donné en entier de son incarnation jusqu’à la mort sur la croix… De nos jours encore, rappelons-nous, Il est toujours livré entre nos mains tous les jours sous les espèces eucharistiques et à travers sa Parole. Mais il ne suffit pas de le chanter, il faut le vivre, le révéler à travers nos actes imbibés de la sagesse qui vient d’en haut et qui nous évite les convoitises et les jalousies (2ème lect.). Et être livré pour Jésus est le sommet de l’humiliation et de l’offrande de sa propre vie. Aussi, Jésus place-t-il le plus faible de tous, un enfant, devant eux, comme pour reprendre cette locution latine : « verba docent, exempla trahunt » (les mots enseignent, les exemples entrainent). S’identifiant à cet enfant qui vit sa dépendance comme un don, Jésus exprime mieux ce que signifie la vie d’un homme livré.
Avec l’image de cet enfant, Jésus nous enseigne l’indissociable solidarité entre son identité (le Messie) et sa mission (donner sa vie). Il nous révèle aussi le mystère de Dieu qui est à la fois humble et tout-puissant, un Dieu dont la gloire ne se découvre que dans l’abjection de la croix. Être le premier, c’est bon ! Mais être le serviteur de tous, c’est mieux ! S’offrir la première place doit être séparé de la volonté de domination sur les autres ; il se conjugue avec une attitude de service pour les autres… L’enfant est le signe parlant de l’humilité, de la petitesse, de la pauvreté et de la dépendance. Notre état d’enfance se joue dans l’accueil spontané et sincère de nos frères et sœurs. Ainsi le plus grand…, le premier parmi nous est celui qui, comme un enfant, se donne et se livre. Ne dit-on pas : la vérité sort de la bouche des enfants ? A nous de demander à Jésus, sur cette route avec Lui, de raffermir en nous la grâce baptismale qui nous a engendré dans le Christ-Jésus et nous a fait naître dans la communauté ecclésiale !
Père Dieudonné MASSOMA, Curé
Publié le 13 septembre 2024
Edito du Curé – 22 septembre 2024
Si tu veux être le premier…
Seul avec ses disciples sur cette route qui traverse la Galilée, Jésus aborde la question de son identité et celle de sa mission. D’ailleurs son identité, le Christ, Fils de Dieu, est intrinsèquement liée à sa mission : « le Fils de l’homme doit être livré aux mains des hommes, ceux-ci le tueront et trois jours, plus tard, Dieu le ressuscitera ». L’annonce suscite l’incompréhension, fruit d’une écoute approximative, elle-même forgée par l’attitude ambitieuse de ceux qui le suivent et portent le nom d’Apôtres, comme pour attester cette assertion : dis-moi dans quelle attitude tu écoutes, je te dirai comment tu comprends et apprécies ce que tu as écouté. La mémoire des Apôtres est tellement formatée par le rejet de l’épreuve et de la souffrance du Messie qu’ils en viennent à ignorer totalement la fin de la phrase de Jésus : « trois jours après sa mort, il ressuscitera ».
Le Messie qui doit mourir ? Voilà une déclaration fulgurante et pleine de sidération pour les disciples. Ce qui est une révélation de poids pour Jésus est pour ses disciples une aberration abjecte. L’annonce des souffrances du Messie et de sa mort jette un froid glacial sur le camp des Apôtres. Personne n’ose lui poser la question. L’interroger ? N’est-ce pas une manière d’accepter que ces révélations de Jésus percent le mur du silence bien construit et que cette logique infâme soit envisageable ? Pour les Apôtres, il vaut donc mieux se taire, refouler cette idée insupportable, la détourner de la conversation et passer à autre chose. Si cette page de l’évangile était un film, le réalisateur nous aurait montré les images flagrantes de deux camps qui se créent et Jésus qui, petit à petit, est distancié par les siens préoccupés par autre chose. Ainsi Dieu se laisse-t-il abandonner à cause de nos attentes décalées de ce qu’il est, de nos préoccupations loin de ce qu’il attend de nous, de nos projections erronées sur Lui… Toutefois, la délicatesse de Dieu se montre toujours proche de l’homme même quand ce dernier s’oppose à Lui, même quand il ne comprend pas le projet de Dieu. Il nous laisse la liberté de passer et de penser à autre chose : Jésus respecte notre rythme de marche vers Lui, Il nous laisse libre de murmurer sans toutefois abandonner son enseignement.
Etre premier…, devenir grand…, Dieu ne s’oppose pas forcément à la planification légitime de notre bien-être, ni à notre bonheur qui ne se découvre que dans une projection. « Aspirer aux dons les meilleurs » (1Cr 12, 31) n’est pas en soi contraire à ce que Dieu attend de nous surtout si ces « dons les meilleurs » ont pour objet l’amour, la charité ! A La question, « qui est le plus grand ? » apparaît ce qui habite leur cœur, une soif de pouvoir dont ils n’avaient peut-être pas conscience. A nous de voir comment nos ambitions personnelles perturbent notre identité chrétienne et paralysent notre mission de baptisé. On le voit bien, à la suite du Christ, les Apôtres ne se préoccupent que de ce qu’ils doivent être, de leur place à préserver aux côtés de leur Maître, des privilèges qu’ils pourraient en tirer sans se soucier de ce qui les attend, de la manière avec laquelle ils vont recevoir ces privilèges : la gloire précédée par la souffrance, la victoire au bout de l’effort, la résurrection qui passe par la mort…
Ainsi se balise l’itinéraire de la vie du Christ et du Messie. Depuis leur appel au bord du Lac de Galilée, les apôtres s’abreuvent à la source d’une expérience exceptionnelle. Jésus se réserve la primeur de l’appel et les disciples la liberté de suivre son chemin avec les exigences qui s’imposent. Vint le moment d’enseigner à ses Apôtres les chemins incontournables à travers lesquels passera sa mission et le cadre dans lequel s’exercera leur ministère.
Dans son identité comme dans sa mission « le Fils de l’Homme est livré aux mains des hommes ». le Christ est un homme livré, un homme donné en entier de son incarnation jusqu’à la mort sur la croix… De nos jours encore, rappelons-nous, Il est toujours livré entre nos mains tous les jours sous les espèces eucharistiques et à travers sa Parole. Mais il ne suffit pas de le chanter, il faut le vivre, le révéler à travers nos actes imbibés de la sagesse qui vient d’en haut et qui nous évite les convoitises et les jalousies (2ème lect.). Et être livré pour Jésus est le sommet de l’humiliation et de l’offrande de sa propre vie. Aussi, Jésus place-t-il le plus faible de tous, un enfant, devant eux, comme pour reprendre cette locution latine : « verba docent, exempla trahunt » (les mots enseignent, les exemples entrainent). S’identifiant à cet enfant qui vit sa dépendance comme un don, Jésus exprime mieux ce que signifie la vie d’un homme livré.
Avec l’image de cet enfant, Jésus nous enseigne l’indissociable solidarité entre son identité (le Messie) et sa mission (donner sa vie). Il nous révèle aussi le mystère de Dieu qui est à la fois humble et tout-puissant, un Dieu dont la gloire ne se découvre que dans l’abjection de la croix. Être le premier, c’est bon ! Mais être le serviteur de tous, c’est mieux ! S’offrir la première place doit être séparé de la volonté de domination sur les autres ; il se conjugue avec une attitude de service pour les autres… L’enfant est le signe parlant de l’humilité, de la petitesse, de la pauvreté et de la dépendance. Notre état d’enfance se joue dans l’accueil spontané et sincère de nos frères et sœurs. Ainsi le plus grand…, le premier parmi nous est celui qui, comme un enfant, se donne et se livre. Ne dit-on pas : la vérité sort de la bouche des enfants ? A nous de demander à Jésus, sur cette route avec Lui, de raffermir en nous la grâce baptismale qui nous a engendré dans le Christ-Jésus et nous a fait naître dans la communauté ecclésiale !
Père Dieudonné MASSOMA, Curé
Publié le 13 septembre 2024
Edito du Curé – 22 septembre 2024
Si tu veux être le premier…
Seul avec ses disciples sur cette route qui traverse la Galilée, Jésus aborde la question de son identité et celle de sa mission. D’ailleurs son identité, le Christ, Fils de Dieu, est intrinsèquement liée à sa mission : « le Fils de l’homme doit être livré aux mains des hommes, ceux-ci le tueront et trois jours, plus tard, Dieu le ressuscitera ». L’annonce suscite l’incompréhension, fruit d’une écoute approximative, elle-même forgée par l’attitude ambitieuse de ceux qui le suivent et portent le nom d’Apôtres, comme pour attester cette assertion : dis-moi dans quelle attitude tu écoutes, je te dirai comment tu comprends et apprécies ce que tu as écouté. La mémoire des Apôtres est tellement formatée par le rejet de l’épreuve et de la souffrance du Messie qu’ils en viennent à ignorer totalement la fin de la phrase de Jésus : « trois jours après sa mort, il ressuscitera ».
Le Messie qui doit mourir ? Voilà une déclaration fulgurante et pleine de sidération pour les disciples. Ce qui est une révélation de poids pour Jésus est pour ses disciples une aberration abjecte. L’annonce des souffrances du Messie et de sa mort jette un froid glacial sur le camp des Apôtres. Personne n’ose lui poser la question. L’interroger ? N’est-ce pas une manière d’accepter que ces révélations de Jésus percent le mur du silence bien construit et que cette logique infâme soit envisageable ? Pour les Apôtres, il vaut donc mieux se taire, refouler cette idée insupportable, la détourner de la conversation et passer à autre chose. Si cette page de l’évangile était un film, le réalisateur nous aurait montré les images flagrantes de deux camps qui se créent et Jésus qui, petit à petit, est distancié par les siens préoccupés par autre chose. Ainsi Dieu se laisse-t-il abandonner à cause de nos attentes décalées de ce qu’il est, de nos préoccupations loin de ce qu’il attend de nous, de nos projections erronées sur Lui… Toutefois, la délicatesse de Dieu se montre toujours proche de l’homme même quand ce dernier s’oppose à Lui, même quand il ne comprend pas le projet de Dieu. Il nous laisse la liberté de passer et de penser à autre chose : Jésus respecte notre rythme de marche vers Lui, Il nous laisse libre de murmurer sans toutefois abandonner son enseignement.
Etre premier…, devenir grand…, Dieu ne s’oppose pas forcément à la planification légitime de notre bien-être, ni à notre bonheur qui ne se découvre que dans une projection. « Aspirer aux dons les meilleurs » (1Cr 12, 31) n’est pas en soi contraire à ce que Dieu attend de nous surtout si ces « dons les meilleurs » ont pour objet l’amour, la charité ! A La question, « qui est le plus grand ? » apparaît ce qui habite leur cœur, une soif de pouvoir dont ils n’avaient peut-être pas conscience. A nous de voir comment nos ambitions personnelles perturbent notre identité chrétienne et paralysent notre mission de baptisé. On le voit bien, à la suite du Christ, les Apôtres ne se préoccupent que de ce qu’ils doivent être, de leur place à préserver aux côtés de leur Maître, des privilèges qu’ils pourraient en tirer sans se soucier de ce qui les attend, de la manière avec laquelle ils vont recevoir ces privilèges : la gloire précédée par la souffrance, la victoire au bout de l’effort, la résurrection qui passe par la mort…
Ainsi se balise l’itinéraire de la vie du Christ et du Messie. Depuis leur appel au bord du Lac de Galilée, les apôtres s’abreuvent à la source d’une expérience exceptionnelle. Jésus se réserve la primeur de l’appel et les disciples la liberté de suivre son chemin avec les exigences qui s’imposent. Vint le moment d’enseigner à ses Apôtres les chemins incontournables à travers lesquels passera sa mission et le cadre dans lequel s’exercera leur ministère.
Dans son identité comme dans sa mission « le Fils de l’Homme est livré aux mains des hommes ». le Christ est un homme livré, un homme donné en entier de son incarnation jusqu’à la mort sur la croix… De nos jours encore, rappelons-nous, Il est toujours livré entre nos mains tous les jours sous les espèces eucharistiques et à travers sa Parole. Mais il ne suffit pas de le chanter, il faut le vivre, le révéler à travers nos actes imbibés de la sagesse qui vient d’en haut et qui nous évite les convoitises et les jalousies (2ème lect.). Et être livré pour Jésus est le sommet de l’humiliation et de l’offrande de sa propre vie. Aussi, Jésus place-t-il le plus faible de tous, un enfant, devant eux, comme pour reprendre cette locution latine : « verba docent, exempla trahunt » (les mots enseignent, les exemples entrainent). S’identifiant à cet enfant qui vit sa dépendance comme un don, Jésus exprime mieux ce que signifie la vie d’un homme livré.
Avec l’image de cet enfant, Jésus nous enseigne l’indissociable solidarité entre son identité (le Messie) et sa mission (donner sa vie). Il nous révèle aussi le mystère de Dieu qui est à la fois humble et tout-puissant, un Dieu dont la gloire ne se découvre que dans l’abjection de la croix. Être le premier, c’est bon ! Mais être le serviteur de tous, c’est mieux ! S’offrir la première place doit être séparé de la volonté de domination sur les autres ; il se conjugue avec une attitude de service pour les autres… L’enfant est le signe parlant de l’humilité, de la petitesse, de la pauvreté et de la dépendance. Notre état d’enfance se joue dans l’accueil spontané et sincère de nos frères et sœurs. Ainsi le plus grand…, le premier parmi nous est celui qui, comme un enfant, se donne et se livre. Ne dit-on pas : la vérité sort de la bouche des enfants ? A nous de demander à Jésus, sur cette route avec Lui, de raffermir en nous la grâce baptismale qui nous a engendré dans le Christ-Jésus et nous a fait naître dans la communauté ecclésiale !
Père Dieudonné MASSOMA, Curé
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Publié le 13 septembre 2024